Du plus loin que je me souvienne j’ai toujours aimé dessiner
Saisir les contours dans leur juste proportion
Comprendre les formes et les situer dans l’espace
Puis les révéler en les habillant d’ombres et de lumières
Et modeler les surfaces pour en suggérer la texture
Devant la toile vierge d’instinct le dessinateur prend le pas
C’est d’abord l’esquisse et sa construction qui m’occupent
Puis avec les pinceaux je m’applique à faire disparaitre le trait
En le masquant sous les couches successives de lavis acryliques
Ou en frottant la toile humide jusqu’à ce qu’il se dilue dans l’eau
Avant même d’affronter la toile l’image dans ma tête est déjà présente
J’aime pour le cadrage que le sujet soit rapproché
Afin que l’oeil puisse en saisir tous les détails
Tout en laissant l’imagination cheminer
Le long des lignes qui fuient hors du cadre
Au fil du temps mes codes esthétiques se sont affirmés
Qui viennent défier mes intentions figuratives
Dans mes tableaux les lignes verticales ne se rejoignent qu’à l’infini
Et à la fin le grain de la toile et des fragments d’esquisse sont toujours là
Qui contribuent à en atténuer le caractère réaliste
A l’école pour dix bons points on recevait une image
Encore aujourd’hui au dernier coup de pinceau l’image est ma récompense
J’éprouve alors la satisfaction de celui qui a su résoudre
Une équation aux multiples inconnues
Et qui offre au regard des autres l’infinité des solutions